Article publié par Tanguy Thévenot
Œuvre maudite due à l'incompétence de ses producteurs, The Wicker Man ("le Citizen Kane du film d'horreur" selon le magazine Cinefantastique) aura été invisible en France durant un quart de siècle.
Victime d'une situation ubuesque à cause de financiers complètement à côté de la plaque, le chef-d'œuvre de Robin Hardy sera passé à la moulinette de monteurs maladroits à la solde de producteurs bien peu scrupuleux, avant de connaître tardivement, les honneurs d'une vraie reconnaissance publique et d'un classement avantageux dans la liste des meilleurs films britannique par le British Film Institute.
Ce film désormais culte n'échappera d'ailleurs pas, en 2006, à la mode des remakes américains raté, avec dans le rôle principal un Nicolas Cage apathique.
Scénarisé par le grand manipulateur Anthony Shaffer (Frenzy d'Alfred Hitchcock, Le limier de Joseph L. Mankiewicz), le film se révèle totalement imprévisible et novateur.Le sergent Howie, flic vertueux, fervent catholique et toujours vierge (génial Edward Woodward), arrive sur l'île de Summerisle, au nord de l'Écosse, pour enquêter sur la disparition d'une petite fille.Dès son arrivée, l'incompréhension s'installe entre ce fervent défenseur de la morale chrétienne et cette communauté autarcique entièrement vouée au culte de la fertilité.Pourquoi personne ne semble s'inquiéter de la disparition de la gamine ? Et qui est ce mystérieux chef de l'île, Lord Summerisle, incarné par le grand Christopher Lee plus illuminé que jamais ?
Dans ce choc des cultures (vertueux catholiques contre fornicateurs) lequel se révèlera le plus tolèrant ? Et surtout qui triomphera ? Le sergent Howie ne risque t-il pas d'être victime de ses certitudes et de son incapacité à appréhender son environnement ?
Il est difficile de classer The Wicker Man dans un genre en particulier, tant ce film échappe à tout courant et mode cinématographique.Comédie musicale folklorique ? polar ? film d'horreur ? documentaire théologique ?Avec ce film, le réalisateur Robin Hardy, formé au documentaire, signe une œuvre singulière qui n'a jamais été copiée car quasiment invisible pendant 25 ans.
Fou, manipulateur, viscéral et terriblement intelligent, The Wicker Man est une œuvre fondamentale, qui mérite d'être (re)découverte aujourd'hui sur grand écran. Le film, restauré en 35 mm par Canal + propose un montage de 84 minutes, identique à celui sorti en salles en 1973.
The Wicker Man - Un film de Robin Hardy - GB - 1973Écrit par Anthony Shaffer, Musique de Paul GiovanniAvec Edward Woodward, Christopher Lee, Britt Ekland, Ingrid Pitt
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